Le tennis a 150 ans à Québec

Le 08/05/2021 0

Dans 150 ans de tennis à Québec

Dans cette introduction, nous allons faire en quelques paragraphes un survol de cette grande aventure du tennis dans la région de Québec qui dure depuis 150 ans. Les billets suivants vont apporter précisions et détails.

Un nouveau sport

L'histoire du tennis dans la région de Québec est presque aussi ancienne que l'histoire du tennis lui-même. Ce nouveau sport apparaît dans l'Angleterre victorienne quand le major Walter Wingfield, membre de la garde personnelle de la reine, publie en 1874 le premier règlement du « lawn tennis ».

Les amateurs de la région de Québec n'ont pas dû attendre longtemps pour s'y adonner. À peine deux ans plus tard, soit dès 1876, on pouvait trouver des articles de tennis dans certains magasins de la rue Saint-Jean ou de la Côte de la Fabrique. À preuve, les publicités à ce sujet placées par les commerçants dans le Quebec Morning Chronicle. (Image ci-contre)

En 1885, enfin, la pratique du tennis à Québec reçoit un appui officiel : le Chronicle annonce le 10 septembre que le « Speaker » (on dit aujourd'hui le président) de l'Assemblée législative patronne la pratique du tennis sur les pelouses devant le Parlement. Ce site, sous les murs, va devenir un endroit mythique pour le tennis à Québec.

Une formidable aventure venait de commencer, qui dure depuis presque cent cinquante ans.

Des clubs et encore des clubs

Au début réservée sur les propriétés privées, la pratique du jeu s'organise graduellement autour d'un type d'institution créé par les anglais : le club. On en trouve une première mention dans les journaux en 1886; il s'agit du Quebec Lawn Tennis Club. Celui-ci n'est que le premier d’une longue série. Après un départ relativement lent, les ouvertures s'accélèrent au début du XXe siècle et explosent entre les deux guerres. Nous avons recensé durant les décennies 1920 et 1930 plus d'une centaine de nouveaux clubs répartis dans tous les quartiers de la ville et beaucoup de municipalités environnantes.

Même si ce sport a la réputation d'être pratiqué seulement chez les classe aisées, on trouve des clubs à la basse ville comme à la haute, dans des quartiers ouvriers comme Limoilou ou Saint-Roch aussi bien que d'autres plus bourgeois comme Montcalm ou Sillery.

Certains connaîtront des histoires longues et prestigieuses : le Quebec Lawn Tennis, le club des Employés civils, ou encore celui du parc Victoria, qui est toujours en opération aujourd'hui. Les plus importants compteront plus de 200 membres, ce qui laisse supposer que le nombre d'adeptes pouvait s'évaluer, bien avant le milieu du vingtième siècle, à quelques milliers de personnes dans la grande région de Québec.

Publicité de jouets et de sport

Le tennis, le badminton et le croquet sont annoncés avec les jouets d'enfants
(Quebec Chronicle, 14 juin 1876)

La coupe Edgar Morin au tennis

La coupe Edgar Morin, trophée du tournoi intermédiaire à partir de 1936, aujourd'hui remise au vainqueur du Louis Després invitation.
(Photo Louis Lemieux)

Tournois et trophées

À la participation, s'ajoute la compétition. Chaque club tient un tournoi annuel pour ses membres; quelques-uns organisent des rencontres interclubs, même avec des villes distantes comme Shawinigan ou Montréal.

Toutefois, c'est la compétition régionale qui va prendre le plus d'importance. En plus du championnat annuel pour leurs membres, des clubs lancent des compétitions ouvertes à tous les joueurs de la grande région, une zone qui va du lac St-Joseph à Boischatel et de Charlesbourg à Lévis, ou même jusqu'à Saint-Georges de Beauce. Des commerçants ou des amoureux du tennis offrent des coupes pour les gagnants. Il y en a pour toutes les catégories : simple masculin, simple féminin, double, mixte. On peut donner en exemple, entre autres, la coupe Rondeau, pour le championnat simple masculin senior; la coupe Foy, pour le simple féminin; la coupe Morin pour le championnat simple masculin intermédiaire.

Ces compétitions et trophées vont mettre en valeur des générations de champions – et de championnes, puisque le tennis a rapidement fait une place à la participation féminine.

L'une de ces joueuses, Angéline Lemieux-Beaupré a connu un parcours peu banal. Non seulement elle domine le tennis à Québec durant les années 1920, mais elle remporte le championnat provincial féminin en 1922 et tente même sa chance au championnat des États-Unis en 1924. (Voir dans la section "Championnes et champions" notre billet sur le parcours de Angéline Lemieux-Beaupré) Il faudra attendre cinquante ans avant qu'une autre joueuse de la région, Hélène Pelletier, connaisse du succès en dehors du pays.

Chez les hommes, le phénomène est semblable. Un joueur se démarque à chaque décennie, comme Lauréat Cantin, qui remporte le trophée Rondeau à 9 reprises, Jean-Paul Turgeon à 10 reprises et Jacques Giguère sept. Pourtant, aucun tennisman de la région ne va percer au plan international avant la génération des Réjean Genois et Richard Legendre.

Ce n'est pourtant pas faute d'avoir vu - ou même affronté - des joueurs de l'extérieur, que les amateurs de tennis de la région ont mis du temps à connaître du succès ailleurs. Des tournois provinciaux ou canadiens se sont tenus à Québec à plusieurs reprises. Le premier en date remonte même à 1887. Cette année-là, pour compléter le programme de l'Exposition provinciale, on inclut le « championnat du Dominion » en tennis.

Rencontres internationales

Les joueurs de calibre international ne sont pas absents du portrait. Avant l'ère des transports aériens, Québec est une porte d'entrée maritime vers les Amériques pour les voyageurs européens. Aussi, des équipes de plusieurs pays, venus participer à la coupe Davis ou aux championnats des États-Unis passent quelques jours en ville, à leur arrivée ou à leur départ. Les étrangers se dégourdissent les jambes en donnant des parties d'exhibition et affrontent même – avec succès évidemment – des joueurs ou joueuses de la ville. C'est le cas de l'équipe féminine d'Angleterre qui passe à Québec en 1923, 1925 et 1927 et donne des matches d'exhibition au Quebec Lawn Tennis Club. On présentera même, à la fin des années 1960, un tournoi réservé à des joueurs qui se classent soit parmi les premiers dans leur pays, soit dans le groupe de tête mondial : le tournoi Rotation.

Les chroniqueurs sportifs ont longtemps attribué ces insuccès hors de la région à l'absence de courts intérieurs qui auraient donné la possibilité aux compétiteurs de s’entraîner toute l'année. D'ailleurs, les premiers à percer hors de Québec, Pelletier, Genois et Legendre, ont été aussi les premiers à s'inscrire dans des universités américaines où on pouvait jouer au tennis en hiver. On pourrait ajouter à cela l'enseignement du tennis, longtemps resté à un niveau élémentaire.

C'est pourquoi, à partir des années 1970, le tennis dans la région de Québec va passer à un degré supérieur : des clubs intérieurs offrent désormais la possibilité à tous les amateurs de jouer hiver comme été; les écoles de tennis se multiplient, préparant les jeunes joueurs comme jamais auparavant; les champions locaux commencent à percer non seulement sur la scène provinciale ou canadienne, mais aussi à l'étranger; de nouveaux tournois vont amener ici des joueuses de calibre international.

Dans ce blog, nous allons tenter d'explorer plus en détail comment les cent années précédentes nous ont amené là.

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